En 1969, les parents de Marie-Pierre ouvrent ce commerce de village, qui proposait à l’époque de la boucherie, de l’épicerie et des fruits et légumes. Les grandes surfaces n’existaient pas. Lourmarin était sur l’axe de passage entre Marseille et Apt et le magasin faisait face à la vénérable Maison Ollier, hôtel restaurant de renom.
En 1996, elle rejoint son père qui lui transmet le métier ; depuis sa disparition, elle perpétue la tradition de ce commerce de proximité charmant, sans chichis, ouvert en continu de 8h à 19h et avec une palette variée de produits authentiques, simples, souvent bio et locaux.
Du sucré fait maison, en biscuits secs et des spécialités comme l’incontournable gibassier ou les croquants aux amandes. Du salé avec des pissaladières, des fougasses parfumées. Tout cela se mélange joyeusement dans l’échoppe comme dans un panier de courses, avec des fruits et légumes de saison, de la crèmerie, de la charcuterie, de l’épicerie, des bonbons et quelques bouteilles choisies.
Bref, un lieu qui ressemble à quelque chose et qui ne trouve plus beaucoup son semblable aujourd’hui, un endroit bigarré, généreux, un peu désordonné mais tellement inspirant. Commerce de première nécessité mais aussi de gourmandise et de petites faims pour les badauds du coin ou d’ailleurs.
Avec sa douceur, son calme, mais aussi ses convictions, Marie-Pierre est à l’opposé de l’efficacité systématique et de l’instantanéité actuelles, elle fait encore ses additions à la main.
Ce qui rend cette région si attachante :
Les saisons qui restent vraiment bien marquées. « Je suis incapable de dire quelle saison j’aime le plus ». Marie-Pierre aime « la tension de l’été suivie du calme de l’hiver ».
L’ambiance du village, celle du « brouhaha » des voisins que l’on perçoit derrière les volets et dans les ruelles.
Son Luberon :
Celui des anciens qui me donnent des conseils, des tuyaux, des recettes comme celle de la pâte de coing ou qui me disent que je donne trop de temps et que je « ne serai jamais riche » ! Ceux qui me racontent que mes parents m’installaient dans une caisse à pain en guise de parc à jouer dans l’épicerie, quand j’étais bébé.
Le Luberon de 7h quand je reviens d’un village voisin où je suis allée chercher le pain pour l’épicerie chez un artisan, et que je m’arrête en bord de la route pour contempler la beauté de la nature et du paysage, immobiles et lumineux, après que le vent soit tombé.
2 ou 3 souvenirs marquants :
Le caractère « bien trempé » de Firmin, mon père, qui pouvait parfois, avec des clients au caractère non moins fort, faire des étincelles dans l’épicerie et on assistait alors à des échanges sans filtre qui finissaient en feu d’artifice.
Ce petit sandwich très matinal que je prépare pour un habitué qui passe chez moi avant d’aller prendre son café sur la place du village. Et tous ces sandwiches à la demande et sur-mesure que je concocte pour les touristes et les autres, avec des mélanges d’ingrédients accumulés parfois invraisemblables…
Et ce vrai miel d’abeilles intitulé « Miel du pays des cigales », qu’un client anglais m’a acheté un jour en pensant que c’était un miel de cigales, étonné que cela existe. Après rectification, le client et toute l’épicerie ont beaucoup ri !
Supertaf 2, 42 avenue Philippe de Girard, 84160 Lourmarin