Jacky est facteur à Bonnieux depuis plus de 20 ans. Normand d’origine, ce métier qu’il exerce, c’est « vivre son rêve ». A la suite d’un documentaire télévisé sur un facteur en Provence, le déclic c’est fait, un imaginaire de convivialité dans un pays gorgé de soleil et de nature qu’il a voulu et il est parti.
Le vélo de sa grand-mère est arrivé de Normandie envoyé par le train, pour commencer ses tournées à Roussillon où il a débuté. Une bicyclette un peu rustique et fatiguée, avec laquelle « c’était vraiment très dur de traverser les campagnes en plein cagnard, je n’en pouvais plus ! ». Il l’a fait, et le poids du courrier et de son transistor dans ses sacoches, n’était rien à côté de celui des tomates et melons que les gens lui donnaient pour le remercier et qu’il fallait rapporter sur ce même vélo que la voiture de La Poste a remplacé bien plus tard.
« J’avais d’ailleurs repéré les fontaines dans la campagne pour faire un arrêt salvateur et rafraîchissant. Du courrier, il y en avait ! et ce n’était pas des publicités mais des choses importantes, l’été des cartes postales en pagaille, et des colis de bonbons à distribuer dans les colonies de vacances pour les enfants. »
Ce qui rend cette région si attachante :« La beauté de son paysage ». Jacky s’arrête d’ailleurs pour le peindre dans la nature, il s’installe dans un coin ombragé et croque un morceau pour le déjeuner. La faune et la flore le ravissent, il ne se lasse pas de les observer. Même une trentaine de sangliers de toutes tailles en une horde galopante ont failli l’écraser lors d’une de ses haltes !
Son Luberon :
Celui des gens, des relations amicales, des échanges, des services que l’on se rend, de ce sentiment de grande famille. C’est aussi celui de ses calendriers personnalisés, à la gouaches ou au pastel, portraits d’hommes et de femmes, d’animaux ou de paysages, que Jacky propose et qui donnent à cette tradition de l’almanach ce charmant supplément d’âme.
Un souvenir marquant :
« Des souvenirs, des anecdotes, il y en a tant et tant… que raconter ? beaucoup d’histoires très drôles, certaines tristes voire morbides et inracontables ici. Sur le chemin du courrier on découvre tant de choses et des merveilleuses !
Je me souviens quand j’ai débuté du fameux petit canon de vin blanc frais posé sur la table de la cuisine, avec sa buée de fraîcheur sur le verre à cause de la chaleur. Les gens savaient que j’allais arriver et me le préparaient. Un de mes prédécesseurs, dans un des villages du Luberon où j’ai exercé mes fonctions, redemandait parfois son chemin car il avait sans doute abusé de pastis.
Et puis, quand je venais déposer du courrier à l’école élémentaire et que tous les enfants se levaient dans la classe à mon arrivée, fiers et droits, le facteur c’était un homme important ! »
Il l’est toujours, mais Jacky est déjà reparti dans sa voiture officielle bourrée de courrier qui démarre et descend la côte dans un nuage de poussière vers d’autres maisons éparpillées, le vélo est désormais au grenier !